CONTEXTE
Porté par une langue sensible et engagée, Les Morsures du silence est un roman d’enquête autant qu’un plaidoyer pour celles et ceux que l’on réduit au silence. La parole est fragmentée, morcelée, tantôt portée par Aleksander, tantôt par Maïa. Tous deux inspecteurs de police, ils ne sont pas les héros froids. Ils vacillent, doutent, s’effritent. Ce qu’ils enquêtent, ce ne sont pas seulement des faits, mais des fêlures humaines, des silences trop longtemps scellés. À chaque page, l’écriture cisèle le silence, le révèle dans sa douleur et sa profondeur.
RÉSUMÉ
Tout commence par l’irruption d’une femme dans une salle de classe. Sans un mot, elle s’avance, braque une arme sur la tempe de l’enseignant, et ordonne à une élève de filmer la scène. Le silence est total, suspendu, comme si le monde retenait son souffle. Ce geste inaugural, à la fois brutal et mystérieux, ouvre une brèche dans le réel. La deuxième scène d’enquête nous entraîne dans un parc, où un corps sans vie est découvert. La position du cadavre, étrange et soigneusement orchestrée, rappelle avec une précision troublante celle d’un meurtre survenu vingt ans plus tôt. Comme un écho du passé venu hanter le présent, ce détail ravive les souvenirs et les soupçons enfouis.
Aleksander, flic aguerri, aussi coach auprès de jeunes sportifs, mène l’enquête. À ses côtés, Maïa, une ancienne enquêtrice d’Interpol en congé sabbatique, intuitive et incisive, perçoit immédiatement que ce crime n’est que la surface d’une faille plus profonde. Dotée d’un instinct rare, elle sait tisser les fils ténus entre les fragments d’indices, les silences, les regards fuyants. Maïa écoute là où d’autres interrogent. Elle saisit les absences dans les témoignages, les tremblements dans les silences. Là où Aleksander cherche, elle ressent. Leur duo n’est pas symétrique, il est complémentaire. Et leur enquête devient peu à peu une descente au cœur d’un monde où la parole est confisquée, mutilée. Ce qu’ils poursuivent ce n’est pas qu’un criminel : c’est un cri étouffé.
IMPRESSIONS
Le roman épouse le double point de vue - ceux d'Aleksander et de Maïa - avec une justesse troublante. Chaque chapitre alterne leurs voix, leurs perceptions, leurs fractures. L’une et l’autre finissent par converger, non seulement dans la résolution d’un crime, mais dans la reconnaissance d’un mal plus profond : celui d’un monde qui préfère oublier plutôt que d’écouter.
Extraits retenus
« Je suis là si tu as besoin d’en parler…. Ou de ne rien dire du tout. Je suis très douée pour partager les silences. »
« la vieillesse s’offre à ceux qui laissent une chaise vide à table pour l’étranger. »
« lorsque ni le combat ni la fuite ne sont possibles, l’amygdale, une partie de notre cerveau qui gère le circuit de la peur, prend les commandes et envoie l’ordre à notre corps d’arrêter de bouger »
Écrire : « Même si vos récits ressemblent à de minuscules archipels de mots séparés par des océans de silence, continuez. »
AUTRES COMMENTAIRES
Quelques informations sur le peuple suédois tirées du roman
Les Suédois soupe tôt 17h et sont de grands consommateurs de café. Ils ont un caractère relativement taciturne révélant des traits de timidité et de réserve. La vie Suédoise est paisible, sans hauts, ni bas valorisant l'esprit collectif ainsi que l'égalité entre les hommes et les femmes. Le peuple suédois est respectueux envers les autres, patient et ponctuel. Si vous avez déjà rencontré un Suédois dans un contexte social, soyez prêt à lui faire un câlin plutôt qu’une poignée de main ou un baiser sur la joue. En Suède, les classes se terminent à 14h30. Les parents s’organisent entre eux pour aller chercher leur progéniture à l’école.
Avancées de la recherche depuis 2018 concernant les victimes du viol
« on pense que les violeurs sont des inconnus, des pervers, des gars louches, alors que, dans plus de trois quarts des cas, la victime connaît son agresseur. Ensuite, et c’est l’idée reçue la plus grave, on pense que la victime d’un viol va crier, hurler, se défendre. Or, là encore, dans les trois quarts des cas, on est paralysé par la peur. Littéralement, ce n’est pas une image. Le corps devient rigide et complètement immobile, les mains peuvent s’engourdir, on peut somnoler, voire s’évanouir. Cette réaction n’est pas un choix »
Cete réaction « existe aussi chez les pilotes, lors de situations d’urgence aérienne »