RÉSUMÉ
Ruby, jeune femme noire, gagne sa vie comme domestique dans les maisons de Santa Monica. Elle rêve pourtant d’études universitaires. Un jour, en se rendant chez Joyce, une mère de famille de Sunnylakes, elle découvre une scène troublante : la maîtresse de maison est introuvable, le bébé pleure dans une couche sale, et la fillette Barbara tente d’essuyer de larges taches rouges dans la cuisine avec un minuscule pyjama…
La police intervient, mais pour Ruby, sa couleur de peau fait d’elle une suspecte idéale. Emmenée au commissariat, elle n’échappe aux accusations que grâce à l’inspecteur Mick, plus ouvert d’esprit que ses collègues. Déterminée, rusée et observatrice, Ruby va s’improviser enquêtrice, malgré les avertissements de son père et de son amoureux Joseph.
IMPRESSIONS
Au-delà du suspense et des rebondissements qui tiennent en haleine jusqu’à la fin, ce roman révèle surtout l’envers du décor de l’Amérique des années 1950-60. Sous les façades impeccables de Sunnylakes - maisons coquettes, cuisines dernier cri, pelouses parfaitement tondues - se cachent mensonges, hypocrisies et blessures profondes. Chaque personnage dissimule sa part d’ombre. La disparition de Joyce agit comme un révélateur : derrière l’image policée de la prospérité blanche et bourgeoise se dessine une société traversée de contradictions, marquée par le racisme, l’exclusion et la peur du scandale.
À l’opposé, les quartiers noirs survivent dans la précarité : salaires dérisoires, logements fragiles, familles déplacées au gré des projets autoroutiers. Cette fracture sociale et raciale donne au polar une résonance bien plus large que l’intrigue policière : il devient le miroir d’une Amérique où l’illusion du bonheur cache une violence sourde.