DELFINO, Jean-Paul - Counani Un roi sans terre ni couronne Roman historique 429p
Avec ce nouveau roman paru en 2025, Jean-Paul Delfino nous replonge en Guyane, en 1886, sur les traces de l’intrépide Clara – héroïne déjà rencontrée dans Guyane – décidée à conquérir sa liberté malgré l’amour qu’elle porte à Mané Albuquerque, ancien bagnard. Celui-ci, de son côté, entreprend une traversée océanique pour la retrouver. En territoire français, son destin croise celui de Jules Gros, aventurier se proclamant Président à vie d'un territoire inconnu, entre Guyane et Brésil, qu'il baptise République de la Guyane indépendante. Counani sera sa capitale.
Inspiré de faits réels, le roman mêle aventure, passion et utopie politique, tout en dénonçant la méconnaissance et le mépris persistants de la France envers ses territoires d’outre-mer.
GROUÈS, Delphine - Les braises de Patagonie ❤️ Roman historique 200p
De magnifiques personnages. Dans les années 1950, Valentina, l’une des premières femmes médecins du Chili, est envoyée par la Croix-Rouge soigner les gauchos dans les estancias les plus reculées du pays. En 1998, Luis, un jeune Français de vingt-quatre ans, vient de perdre sa mère - une exilée chilienne qui lui avait caché l’identité de son père, disparu sous la dictature de Pinochet. Et puis, il y a Tcefayek, l’une des dernières survivantes du peuple premier des Kawésqars, ces nomades des mers qui cabotaient autrefois le long de la côte chilienne avant d’être décimés par les colons.
Un roman bouleversant sur la nature ravagée par les hommes sans foi ni loi, et sur ceux qui, malgré tout, continuent de soigner, de chercher, de survivre. Le style envoûtant de lʼautrice transmet à merveille les mots du corps, les cris du cœur, les couleurs, les odeurs et la musique. « Les braises crépitent au soleil levant. Les vagues se prosternent. Le vent écoute. Résonne alors le chant terrestre, l’hymne des ultimes espérances. »
HOULE, Jacques - Les premiers Canadiens t1 et 2
La culture québécoise actuelle ne peut être comprise sans revenir sur la longue lutte des francophones en Amérique du Nord : un combat pour la survie culturelle, la reconnaissance politique et l’autonomie face à des rapports de force souvent défavorables.
Depuis les premières communautés établies le long du Saint-Laurent jusqu’aux Rébellions de 1837, à l’Acte constitutionnelle de 1791 et la naissance du parlementarisme, en passant par la Conquête et l’Acte de Québec en 1774, les Canadiens français forgent une tradition politique marquée par la résistance, la préservation linguistique et la défense de leurs institutions.
Le deuxième tome offre une continuité historique à partir du XIXe siècle où se cristallisent les revendications nationales. D’abord avec Louis Riel, fondateur du Manitoba et chef de la résistance métisse : il incarne la lutte pour l’autodétermination, la défense des minorités culturelles et la résistance face au centralisme canadien. Son exécution en 1885 marque durablement la mémoire francophone et contribue à nourrir, au Québec comme dans l’Ouest, un sentiment d’injustice et de méfiance envers Ottawa.
Au XXᵉ siècle avec trois premiers ministres Adélard Godbout, Maurice Duplessis et Jean Lesage réinterprètent, chacun à leur manière, cet héritage de lutte. On passe ainsi du réformisme précoce de Godbout, au conservatisme autoritaire de Duplessis, pour arriver à l’État modernisateur et nationaliste de Lesage. De 1939 à 1966, Le Québec se transforme progressivement, délaissant son traditionalisme rural pour entrer dans une société moderne, laïque et maître de son développement : une transformation qui plonge ses racines dans ces combats fondateurs.
PARAIRE, Michaël - Femmes philosophes, femmes dissidentes Essai 87p (2012)
Lʼauteur nous raconte ces femmes dissidentes que l’histoire de la philosophie a trop souvent reléguées à la marge.
Parmi les grandes figures dissidentes de la pensée féministe, Olympe de Gouges (1748-1793) publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et revendique l’égalité civique, ce qui la conduit à l’échafaud sous Robespierre. Mary Wollstonecraft (1759-1797), publie la Défense des droits de la femme qui prolongea la réflexion sur la pensée féministe en appelant à l’éducation et à l’émancipation intellectuelle des femmes. Flora Tristan (1803-1844) - grand-mère de Gauguin - milite pour l’émancipation ouvrière et féminine, dans son livre L’Union ouvrière, elle propose des mesures concrètes pour un travail digne et justement récompensé. Louise Michel (1830-1905) rêva d’un monde égalitaire affranchi de toute hiérarchie entre les sexes, tandis qu’Alexandra Kollontaï (1872-1952) défendit des relations amoureuses fondées sur l’égalité et le respect mutuel plutôt que sur la possession ou la dépendance économique. Simone de Beauvoir (1908-1986), avec Le Deuxième Sexe, redéfinira la condition féminine et prolongera cet héritage intellectuel.
À cette lignée s’ajoutent deux figures majeures de la philosophie du XXᵉ siècle : Hannah Arendt (1906-1975) et Simone Weil (1909-1943). Toutes deux ne se sont jamais revendiquées du féminisme, mais leur œuvre a profondément nourri la réflexion sur la liberté, la dignité et la condition humaine - des thèmes au cœur du projet féministe. Arendt a offert une conception de la liberté fondée sur la visibilité et la responsabilité dans l’espace public, ouvrant ainsi une voie pour la reconnaissance politique des femmes. En insistant sur la capacité de chaque individu à initier quelque chose de nouveau, elle a élargi le champ de l’émancipation féminine au-delà du cadre strictement juridique ou social. Là où Arendt affirmait la puissance de l’action, Weil rappelait la valeur du renoncement et de la compassion - deux pôles qui, ensemble, dessinent les contours d’un humanisme féministe à la fois spirituel et politique.
De leurs voix dissidentes sont nées les bases d’une pensée féministe qui, des décennies plus tard, s’élèvera dans les années 1960-1970 en un mouvement contestataire d’une puissance inédite.
On se souvient des grands hommes de la philosophie, mais trop rarement des femmes qui ont façonné notre idée de liberté et d’égalité. Cet ouvrage leur rend enfin justice : des voix féminines à l’origine d’un mouvement d’émancipation féminine. Cet ouvrage aurait pu se poursuivre avec Betty Friedan, qui politise la vie domestique, Kate Millett, qui politise la sexualité et la culture, et Monique Wittig, qui politise le langage et l’identité. Ces penseuses prolongent l’héritage de ces femmes philosophes du XIXᵉ et du XXᵉ siècle en inscrivant la réflexion féministe dans le concret de la vie sociale et symbolique.
À travers elles, le féminisme change de visage : il quitte le terrain purement moral ou philosophique pour devenir une force politique et structurelle, capable d’interroger les institutions, les représentations et les fondements mêmes de la domination. Ce mouvement, à la fois intellectuel et profondément humain, témoigne d’une volonté de transformation qui ne se contente plus de revendiquer l’égalité, mais cherche à la vivre et à la penser dans toutes les dimensions de l’existence.
Cette lecture montre la richesse et la diversité du féminisme : elle m’a rappelé que derrière chaque grande idée se trouvent des voix souvent ignorées, et qu’écouter ces voix, c’est aussi redécouvrir la force et l’actualité de la pensée féministe dans notre monde contemporain.
REGAN Lisa - Les enquêtes de l’inspectrice Josie Quinn les 8 premiers tomes
Je me suis donné un défi : lire une série policière, et si j’ai tenu 8 tomes sur 15, c’est grâce à la profondeur des personnages. Josie Quinn, surtout, retient l’attention.
Sous la plume de Lisa Regan, Josie n’est pas une policière sûre d’elle, mais une femme marquée par le manque et les mensonges. Cette fragilité devient sa force : elle voit derrière les apparences, lit le mensonge parce qu’elle en connaît la douleur. Son autorité est une conquête, jamais un acquis.
Dans un univers encore masculin, elle lutte autant contre le crime que contre le scepticisme et le sexisme. Chaque enquête est pour elle une manière de rétablir un ordre intérieur autant que judiciaire.
Héroïne post-moderne, Josie avance avec une intelligence émotionnelle tendue : la vérité se paie, l’amour se risque, notamment avec Noah Fraley. Elle apprend que la force passe par une vulnérabilité maîtrisée. Josie Quinn ne brille pas par la victoire, mais par la persistance : une femme lucide, blessée et droite, qui cherche moins à être invincible qu’à rester vraie.
ROY, Philippe - femme la plus dangereuse du monde Thriller 350p
Une version entièrement remaniée de son roman ALIANA publié en novembre 2022 chez Cosmopolis, maison d’édition qui ferma ses portes en juin 2023, interrompant brutalement la commercialisation du roman tout juste auréolé du prix Bob Morane 2023. Dans cette réécriture, Roy selon - ses propres dires - a davantage « creusé la psychée de son personnage. »
De retour en France après avoir combattu au sein de l'opération Barkhane au Sahel, la sergente Aliana Kelly souffre d'un état de stress post-traumatique. Il lui reste une mission à accomplir : le capitaine de son unité, mortellement blessé, en lui sauvant la vie au Mali, l'a chargée de remettre en main propre une lettre à son frère qui vit à Lyon. Un incident meurtrier la forcera à quitter rapidement Paris. Comme elle veut extraire sa jeune demi-sœur Baya des griffes de celui quʼelle appelle le monstre - son beau-père, elle lʼattend après lʼecole pour sʼenfuir avec elle.
Un récit au rythme effréné et un déroulement très visuel à la façon d'un film d'action, avec un personnage féminin attachant. En outre, parsemé de titres de livres et de films. Une fois commencée la lecture, impossible de lâcher prise.