RÉSUMÉ
Un homme est retrouvé mort. L’autopsie révèle la présence de toxoplasmose, mais un détail trouble les enquêteurs : Éléonore Hourdel, psychiatre, affirme que le corps ne peut être celui de son père… alors même que les papiers d’identité retrouvés sur la victime portent son nom. Qui est réellement cet homme ? Pourquoi usurper l’identité du père d’Éléonore ?
Au même moment, une femme d’une cinquantaine d’années disparaît dans des circonstances mystérieuses. Sharko et Nicolas Bellanger se retrouvent embarqués dans une double enquête où les pistes médicales, psychologiques et criminelles s’entremêlent dangereusement.
EXTRAITS COMMENTÉS
« Certains malades de l’UMD s’exprimaient par le biais créatif durant les séances avec l’ergothérapeute. Les dessins, les poteries, les peintures reflétaient la plupart du temps le chaos à l’œuvre dans leur tête. Ça allait du gribouillis complètement déstructuré à des productions un peu plus élaborées, parfois surprenantes. »
« même lorsqu’il délirait, même lorsqu’il sentait son âme se fractionner, se disloquer, que les voix criaient, même dans ces instants de chaos absolu, des études montraient que le malade restait sensible à toute forme de douceur, d’écoute, de bienveillance. »
La prison psychique des personnes atteintes de schizophrénie est d’une intensité souvent insoupçonnée. Elles vivent enfermées dans un monde intérieur instable, fragmenté, où la réalité perd ses repères habituels. Les hallucinations auditives, visuelles ou tactiles ne sont pas des illusions passagères, mais des expériences vivaces et envahissantes, qui s’imposent à l’esprit avec la même force que les perceptions du réel. Une voix qui insulte, commande ou menace n’est pas “imaginaire” au sens ordinaire du terme : elle est entendue, perçue, souvent indiscutable pour celui ou celle qui l’entend.
La psychose, quant à elle, plonge la personne dans une confusion extrême entre le monde réel et ses pensées délirantes. Le sentiment de persécution, les croyances de type paranoïaque, les convictions délirantes (comme se croire surveillé, manipulé ou habité par une force extérieure) ne relèvent pas d’un caprice ni d’un défaut de logique, mais d’une rupture radicale avec la perception partagée de la réalité.
Cette condition est d’autant plus douloureuse que la personne schizophrène peut avoir conscience par moments de sa différence, de son isolement, voire de l’incompréhension ou du rejet qu’elle suscite. Ce va-et-vient entre moments de lucidité et effondrements psychotiques aggrave la souffrance.
On parle de prison psychique, car la personne ne peut ni fuir ni contrôler ces intrusions mentales. Le monde extérieur devient un espace menaçant, tandis que l’univers intérieur devient un champ de bataille. La solitude, la peur, la honte ou la stigmatisation sociale viennent souvent renforcer l’enfermement, réduisant davantage les possibilités de lien, d’aide ou de traitement efficace.
Comprendre cette réalité, ce n’est pas seulement reconnaître la gravité de la pathologie : c’est aussi un appel à l’empathie, à la patience et à un soutien adapté, loin des jugements hâtifs, des peurs irrationnelles ou de l’isolement institutionnel.
APPRÉCIATION
Une lecture captivante et addictive.